Que sont les niveaux de réchauffement planétaire?
Les niveaux de réchauffement planétaire (NRP) constituent une façon relativement nouvelle d’envisager et de communiquer sur les changements climatiques futurs. Dans cette approche, la réponse aux changements climatiques régionaux est indiquée par rapport au réchauffement global moyen (par exemple, 0,5°C, 1,0°C, 1,5°C, 2,0°C) sur une période de référence, généralement préindustrielle (1850-1900).
Certains lecteurs sont peut-être déjà familiers avec les NRP, car ils sont souvent utilisés dans les médias pour comparer les températures moyennes actuelles à celles de l’ère préindustrielle. Par exemple, le Copernicus Climate Change Service fournit régulièrement des mises à jour sur les augmentations de la température mensuelle globale, la plus récente montrant que le climat observé a déjà dépassé le NRP de 1,5°C pour certains mois (figure 1). Toutefois, ce type d’analyse utilise des moyennes mensuelles pour une année donnée et est fortement influencé par la variabilité naturelle du climat.
Dans l’approche par NRP décrite ici, le changement moyen de la température moyenne mondiale sur le long terme (généralement calculé sur 20 ou 30 ans) est comparé aux changements climatiques régionaux moyennés sur la même période. Les moyennes calculées sur de plus longues périodes permettent de diminuer l’influence de la variabilité naturelle du climat sur le changement de température globale car elles présentent une tendance plus lisse dans le temps. Ce qui permet d’identifier plus facilement le moment où un NRP particulier est atteint. C’est l’approche utilisée dans le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour caractériser les projections des moyennes et des extrêmes climatiques, ainsi que les impacts climatiques. C’est également l’approche utilisée dans l’Explorateur de valeurs de calcul du Pacific Climate Impacts Consortium. Elle a aussi été utilisée dans les Portraits Climatiques d’Ouranos (figure 2) pour présenter les projections de pluies verglaçantes. Sur Donnéesclimatiques.ca, les NRP sont utilisés dans l’Application des projections de la météo des feux de forêt et dans les résumés des valeurs futures de calcul des bâtiments.
Les principales projections climatiques disponibles sur Donnéesclimatiques.ca sont traditionnellement présentées par scénario d’émissions de gaz à effet de serre sous forme de séries temporelles et de cartes qui peuvent être visualisées pour une période donnée. La figure 3 en est un exemple de projections climatiques sur une série temporelle. Il s’agit de l’évolution temporelle du nombre de jours avec une température maximale > 25°C à Regina, Saskatchewan (SK), en fonction de chacun des trois scénarios d’émissions.
Dans l’approche par NRP, cependant, les changements régionaux d’une variable ou d’un indice climatique particulier sont montrés en relation avec le changement moyen de la température moyenne globale plutôt qu’en fonction de différents scénarios d’émissions dans le temps. Cela signifie qu’au lieu d’illustrer l‘ampleur des changements climatiques pour un horizon temporel, les années 2050, par exemple, cette approche montre plutôt les changements climatiques attendus au Canada (ou dans une sous-région) lorsque le réchauffement planétaire atteindra un certain NRP, 2°C par exemple. Ce type d’analyse doit donc être complété par des informations sur l’horizon temporel auquel le NRP en question sera atteint, selon les émissions futures.
La figure 4 illustre la relation entre les changements de température moyenne annuelle au Canada et dans le monde. Elle montre que le Canada dans son ensemble se réchauffe environ deux fois plus (ou deux fois plus rapidement) que la moyenne mondiale. Cela signifie que pour chaque degré Celsius d’augmentation de la température annuelle moyenne mondiale, la température annuelle moyenne du Canada augmente d’environ 2°C. Toutefois, cette approche ne fournit pas d’informations sur où un niveau particulier de réchauffement climatique se produira. Pour des informations plus approfondies sur les périodes probables d’atteinte des NRP, voir En savoir plus sur les niveaux de réchauffement planétaire.
Il a été démontré que les changements régionaux en matière de températures et de précipitations extrêmes s’échelonnent de manière robuste entre les scénarios d’émissions1 et que ces changements sont presque linéairement liés à l’évolution de la température moyenne mondiale. À mesure que la température mondiale augmente, les températures régionales extrêmes et les événements de fortes précipitations ont tendance à augmenter, cette tendance s’existe pour tous les scénarios d’émissions. C’est également le cas pour d’autres variables climatiques, notamment la température moyenne, comme le montrent les figures 4 et 5. Ces figures montrent que le réchauffement régional pour un NRP donné est similaire, quelle que soit la date à laquelle ce réchauffement se produit dans la trajectoire d’un scénario d’émissions donné. La figure 4 compare l’évolution de la température moyenne annuelle au Canada et dans le monde pour cinq scénarios d’émissions (SSP). Tandis que la figure 5 illustre le réchauffement presque identique à l’échelle régionale pour différents NRP selon quatre trajectoires d’émissions (SSP) utilisées par l’ensemble de modèles CMIP6. La recherche a démontré que ces résultats sont valables pour un certain nombre d’autres variables climatiques,5,6,7 et que la relation entre le NRP et les changements régionaux dans les extrêmes n’est pas nécessairement linéaire. Par exemple, alors que l’amplitude et la fréquence des événements thermiques régionaux moins extrêmes montrent un changement linéaire avec le réchauffement climatique, la fréquence des événements plus rares, tels que les événements ayant une période de retour de 50 ans, montre plutôt une relation exponentielle avec les niveaux de réchauffement planétaire5. En effet, à l’échelle mondiale, ces événements devraient devenir environ9, 14 et 40 fois plus fréquents pour des NRP de 1,5°C, 2,0°C et 4°C, respectivement. En outre, l’approche par NRP ne semble pas bien fonctionner avec les variables dont la réponse à l’augmentation de la température mondiale présente un retard substantiel, comme par exemple l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers.
L’échelle spatiale régionale utilisée pour établir la relation entre l’évolution régionale et les NRP joue également un rôle dans la détermination de la robustesse de cette relation. En général, lorsque les changements d’une variable ou d’un indice climatique particulier sont moyennés sur de grandes régions, la relation avec les NRP tend à être plus claire, car le calcul de la moyenne spatiale réduit l’influence de la variabilité naturelle du climat. Sur des régions plus petites, l’influence de la variabilité naturelle du climat est plus forte et, par conséquent, les données semblent plus « bruyantes » et la relation entre les changements régionaux et mondiaux n’est pas nécessairement aussi évidente. Cependant, la représentation graphique des changements à l’échelle mondiale par rapport aux changements à l’échelle régionale est une méthode simple et directe pour identifier des relations solides.