D’abord, la proportion de ménages climatisés s’est accrue au cours des 10 dernières années. Ainsi, une enquête populationnelle exhaustive menée en 20116 dans les quartiers défavorisés des neuf grandes villes du Québec montrait que seulement 49,5% possédaient un climatiseur à domicile, le plus souvent un seul appareil dans une pièce du logement. Pour l’ensemble de la région métropolitaine de Montréal, l’Enquête sur les ménages et l’environnement de Statistique Canada montre que la proportion de ménages qui dispose d’un climatiseur est passée de 54 % en 2009 à 65 % en 2015, et possiblement davantage présentement.
Différentes initiatives en santé publique contribuent aussi à réduire la mortalité pendant les vagues de chaleur, et ce même si la proportion de personnes âgées – un groupe vulnérable – a doublé au Québec au cours de la même période. Ces initiatives sont menées par les villes, les organismes privés et publics, et les autorités de santé publique. Ainsi, les interventions préventives, débutées en 2004, ont été renforcées auprès des groupes à risque élevé (hôpitaux, résidences pour personnes âgées, sans-abri, quartiers à haut risque) depuis 2010 dans les régions les plus exposées de la province7, 8.
En santé publique, les interventions reposent notamment sur la production, depuis 2010, des bulletins annuels de Surveillance des impacts sanitaires des vagues de chaleur extrême au Québec (produit seulement pour les années où il y a des canicules, soit 2010, 2011, 2012, 2018).
Aussi piloté par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), le Système de surveillance et de prévention des impacts météorologiques extrêmes (SUPREME) identifie les zones à risque et émet, depuis 2010, des avertissements de prévision de chaleur extrême (ACE) à l’intention des intervenants de santé publique afin de les aider à lancer des actions d’urgence au besoin, de même que les autres avertissements pertinents fournis par le Service météorologique du Canada (SMC).
Des 98 vagues de chaleur observées pendant les saisons estivales de 2010 à 2016, 47 ont été prévues par les ACE du système SUPREME, et 51 ont été manquées, ce qui serait principalement dû aux incertitudes inhérentes aux prévisions météorologiques reçues du SMC. Malgré tout, la performance globale des avertissements de chaleur extrême du système SUPREME est jugée bonne9 et très utile par ses utilisateurs10.
La lutte aux îlots de chaleur urbains s’intensifie aussi au Québec au moyen de diverses initiatives de verdissement des villes. L’INSPQ a entre autres produit une carte interactive dressant le portrait des îlots de chaleur et de fraîcheur dans la province. De plus, le volet santé du Plan d’action contre les changements climatiques a subventionné plus d’une centaine de projets au moyen d’un financement de plus de 35 M$ depuis 10 ans, et plusieurs villes et organismes privés font de même, ce qui a permis de tripler ce montant. Une évaluation de performance des projets de lutte aux îlots de chaleur urbains dans la région de Montréal démontre que certains projets ont permis d’obtenir des gains de fraîcheur notables11.
Les projections climatiques sont utiles pour projeter l’augmentation des températures et estimer la fréquence et l’intensité des épisodes de chaleur futurs. L’estimation des risques futurs permet d’appuyer des stratégies d’adaptation visant à réduire les effets morbides (déshydratation, hyperthermie et coup de chaleur, décompensation cardiovasculaire, problèmes respiratoires, etc.) et la mortalité liés à la chaleur. La variable vague de chaleur sur la page analyser peut être utilisée pour estimer la durée et la fréquence des vagues de chaleur basés sur des seuils spécifiques et pertinents localement. À titre d’exemple, la figure 2 présente l’évolution du nombre de vagues de chaleur de 1950 à 2100 pour Montréal où les seuils ont été fixés à 30°C pour la température maximale et 22°C pour la température minimale.
Les scénarios climatiques seront aussi utiles pour bien choisir les espèces à planter pour le verdissement urbain en fonction des précipitations futures et du cumul de degrés-jours de croissance. Les améliorations aux logements qui deviendront nécessaires et salutaires pour la qualité de vie et l’état de santé de la population peuvent aussi s’appuyer sur les scénarios climatiques.
Figure 2 : Évolution du nombre de vagues de chaleurs simulées pour Montréal de 1950 à 2100
Évolution du nombre de vagues de chaleur extrême à Montréal, de 1950 à 2100, estimée à partir des 24 modèles climatiques de la base de données BCCAQv2. Une vague de chaleur extrême, pour la ville de Montréal, est définie par au moins 3 jours consécutifs durant lesquels la température minimale est supérieure à 22°C et la température maximale est supérieure à 30°C. Les traits foncés indiquent la valeur médiane, l’enveloppe présente les 10e et 90e percentiles de chaque RCP. Les valeurs ont été calculées avec l’outil Analyse des vagues de chaleur offert sur le site web.