L’utilisation de données historiques d’Abbotsford comme analogue pour le futur de Victoria était initialement logique en raison de la température estivale moyenne nettement plus chaude dans la ville continentale par rapport à son homologue côtière, au cours de la période historique.
Les consultants en ingénierie étaient déjà au travail en utilisant les données d’Abbotsford lorsque David et ses collègues ont contacté le Pacific Climate Impacts Consortium (PCIC) à l’UVic. PCIC a été contacté en raison de son expérience dans l’analyse des données climatiques en Colombie-Britannique et dans la région de Victoria en particulier. PCIC a adapté les informations climatiques horaires actuellement utilisées pour évaluer le confort thermique dans les bâtiments afin de produire de nouvelles versions d’ensembles de données qui tiennent compte des changements climatiques futurs. Ces « future-shifted weather files » sont censés représenter les conditions typiques pour les années 2050 et 2080 en utilisant le scénario d’émissions de GES élevées (RCP 8.5). Ce scénario fournit la gamme de résultats la plus appropriée pour la conception, car l’ampleur des changements climatiques qui se produiront avec le scénario d’émissions élevées d’ici environ le milieu du siècle sera similaire à ce qui se produirait dans un scénario d’émissions de GES moyennes (RCP 4.5) plus tard au courant du siècle. Lorsque les concepteurs ont accédé à ces informations, ils ont réalisé que d’ici 2050, les étés devraient en fait être considérablement plus chauds à Victoria qu’ils ne le sont à Abbotsford présentement. Cela signifie que la conception telle que configurée (en particulier l’équipement mécanique) pour les étés historiquement les plus chauds à Abbotsford pourrait ne pas être suffisante pour assurer le confort thermique à Victoria dans le futur.
« It wasn’t quite an ‘Oh crap’ moment, because it was still sufficiently early on in the process, but this did require us to review and resize some of the heating and ventilation design; move a window from over here to over there, and so on », explique David.
Les contraintes énergétiques imposées par la conception de la maison passive sont importantes, de sorte que ces résultats ont des implications au-delà du seul confort thermique. Étant donné que les deux tours seront parmi les plus grands bâtiments certifiés Passive House en Amérique du Nord, l’UVic a travaillé en étroite collaboration avec l’Institut Passivhaus de Darmstadt, une institution de recherche de première ligne qui fournit également des services de certification et de conseil expert dans la conception d’un large éventail de types de construction de maisons passive. Compte tenu de l’ampleur du projet de l’UVic, l’exercice était même nouveau pour eux. Par exemple, les restaurants sont très énergivores et ne rentrent normalement pas dans le modèle de la maison passive. Mais la cafétéria que l’UVic avait envisagée serait importante et desservirait tout le campus. Des consultations ont même eu lieu entre l’UVic et l’Institut sur le menu alimentaire afin de réduire la consommation d’énergie dans la cuisine, c’est-à-dire moins de plats chauds comme les pizzas et les hamburgers et plus de plats froids comme les sandwichs et les sushis.
En examinant les projections climatiques à long terme de PCIC, Adams et son équipe ont également réalisé que d’ici 2080, leur conception ne serait plus en mesure de répondre aux exigences de refroidissement des espaces afin de maintenir les occupants dans un niveau de confort thermique sain (figure 1). Cette constatation a donné lieu à un débat sur la question à savoir s’il fallait revoir complètement la conception (ce qui occasionnerait une augmentation substantielle des coûts pour un autre système de refroidissement), ou s’il fallait postposer les mesures à prendre, étant donné que les changements potentiels des exigences en matière de construction dans six décennies sont largement inconnus. La révision serait beaucoup plus coûteuse et nécessiterait un tout autre type d’équipement mécanique. L’équipe a conclu que l’ajout d’un système de refroidissement alternatif nécessiterait des sacrifices majeurs à la fonctionnalité de base du bâtiment afin de l’intégrer dans le budget du projet, et n’était donc pas financièrement réalisable pour le moment.
En fin de compte, l’équipe a choisi de s’en tenir à la solution qui a permis d’améliorer la conception originale afin de répondre aux conditions estivales plus sévères prévues pour Victoria en 2050. Mais le fait de réaliser que des changements importants dans la conception d’un bâtiment seraient nécessaires selon que l’horizon temporel supposé du bâtiment devrait être de 30 ans au lieu de 60 ans, les a fait réfléchir. Ils ont pris conscience de la difficulté, mais aussi la nécessité, de prendre aujourd’hui des décisions d’adaptation locales en matière d’adaptation sur la base des meilleures informations climatiques disponibles et prospectives que la science peut fournir.