Transcription français
Introduction
00;00;00
Etienne Bilodeau:
Les changements climatiques ont déjà un impact sur les infrastructures et les systèmes de transport dans les villes canadiennes. Les décisions de conception prises dans le passé influencent notre résilience aujourd’hui et les décideurs d’aujourd’hui tracent la voie pour les générations futures. Qui sont les acteurs qui collaborent aux efforts d’adaptation déjà en cours ? Quelles données et informations prennent-ils en compte pour s’assurer de prendre les bonnes décisions pour l’avenir ?
Que faut-il pour concevoir une ville où l’on peut compter sur les réseaux de transport dans un avenir où les conditions météorologiques seront plus extrêmes ? Ce balado traite de la façon dont nous nous rendons “d’ici à là” en explorant l’adaptation climatique dans le secteur des transports et les façons dont les données climatiques peuvent nous rendre plus résilients en tant que société.
Je suis l’hôte d’aujourd’hui Etienne Bilodeau, gestionnaire de la sensibilisation et de l’engagement au Centre Canadien des services climatiques, et je serai votre guide alors que nous explorons les mesures d’adaptation au climat et l’utilisation des données climatiques au niveau municipal. Veuillez noter que les points de vue partagés dans cet épisode ne reflètent pas nécessairement ceux des DonneesClimatiques.ca ou de ses partenaires.
Dans cet épisode, nous explorons les outils que les municipalités peuvent utiliser pour soutenir la résilience climatique de leur système de transport et la façon dont les collectivités du Québec s’adaptent déjà à un monde qui se réchauffe. Trois invités se joignent à moi aujourd’hui et je vais prendre le temps de vous les présenter, à commencer par Isabelle Laterreur.
Géographe et urbaniste de formation, Isabelle détient plus de 20 ans d’expérience professionnelle. Elle a œuvré notamment comme urbaniste à Drummondville pour la corporation Rue Principale et à Montréal pour l’arrondissement du Plateau Mont-Royal. Elle a aussi enseigné comme chargé de cours dans les ateliers d’urbanisme pendant six ans à l’université de Montréal, période pendant laquelle elle amorce un doctorat en aménagement du territoire.
Son intérêt pour le patrimoine l’amène à s’impliquer sur le conseil d’administration d’Actions Patrimoine de 2012 à 2018. En 2014, elle fonde à Victoriaville la Boîte d’urbanisme, une firme en urbanisme et en aménagement du territoire qui offre principalement en région, et ce, partout au Québec. Alors merci d’être avec nous aujourd’hui Isabelle.
Isabelle Laterreur:
Merci de l’invitation.
Etienne Bilodeau:
Ensuite, nous avons Jean-François Sabourin. Jean-François est l’urbaniste à l’Union des municipalités du Québec, ou l’UMQ, depuis 2018. Il a acquis une connaissance pointue des réalités de l’urbanisme en contexte québécois et à représenter les intérêts des municipalités dans une multitude de domaines de l’action municipale. Titulaire d’une maîtrise en administration publique, il est également chargé de cours à l’Université de Montréal, où il enseigne les cadres institutionnels à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage.
Merci de vous joindre à nous, Jean-François.
Jean-François Sabourin:
Avec plaisir, merci.
Partie 1 : Les effets visibles du changement climatique
Etienne Bilodeau:
Isabelle et Jean-François sont deux créateurs d’un récent rapport qui sert de guide aux municipalités québécoises pour s’adapter aux changements climatiques. Ils sont ici pour parler de leur expérience en matière d’adaptation aux changements climatiques au niveau municipal et des exemples d’adaptation tirées de leur rapport. Et finalement, nous avons aussi la chance d’accueillir Diane Chaumont. Diane détient une maîtrise en géographie physique de l’Université de Montréal.
Elle a participé à plusieurs campagnes de terrain dans l’année 1997, initié au jumelage des modèles hydrologiques et météorologiques lors d’études sur les inondations du Saguenay. En 2003, Diane joint Ouranos, un pôle d’innovation et partenaire de DonneesClimatiques.ca, permettant à la société québécoise de mieux s’adapter à un climat en constante évolution. Elle joint Ouranos d’abord comme spécialistes, puis comme coordonnatrice du groupe Scénarios et Service Climatique.
Cette année, Diane est responsable de l’intégration de l’information scientifique pour l‘outil portrait climatique. Merci d’être ici, Diane.
Diane Chaumont:
Ça me fait plaisir d’être avec vous.
Etienne Bilodeau:
Notre discussion nous amènera au rôle des données climatiques et la façon dont elles sont utilisées par les professionnels du secteur des transports pour créer des municipalités plus résilientes. Et Diane est ici pour parler de l’expérience d’Ouranos dans ce domaine.
Alors, encore une fois, merci à vous trois de vous joindre à nous aujourd’hui. Commençons donc par discuter brièvement de vos rôles respectifs.
Si on débute avec vous, Isabelle, pouvez-vous nous parler du travail que vous faites et de la façon dont votre rôle se recoupe avec l’adaptation du climat ?
Isabelle Laterreur:
Eh bien, en tant qu’urbaniste professionnelle au sein d’une entreprise qui offre des services aux municipalités ou MRC, on travaille aussi avec les ministères. Notre rôle, c’est cela. On est approchés, dans le cadre de notre travail, pour trouver des solutions, répondre à des préoccupations que l’on peut avoir sur le terrain au niveau de l’adaptation pour la lutte aux changements climatiques.
Donc, ça se reflète beaucoup dans le travail qu’on sent comme urbaniste au niveau des études et au niveau de la réglementation qu’on va rédiger pour nos clients.
Etienne Bilodeau:
Merci. Diane, parlez-nous brièvement de ce que vous faites à Ouranos et du rôle des services climatiques dans le soutien aux professionnels et aux responsables au niveau local.
Diane Chaumont:
Alors, devant l’évidence que le climat change, les données climatiques, qu’on utilise couramment, nous donnent des informations sur le passé, qu’on utilise pour faire de la planification des ouvrages, des infrastructures, des ponts, l’aménagement du territoire. Mais ces données-là, climatiques, ne conviennent plus dans un climat qui évolue. Alors, le rôle des services de données climatiques comme Ouranos ou le Centre canadien des services climatiques, c’est de fournir des projections du climat futur. Des données qui sont adaptées aux besoins des décideurs et décideuses dans les municipalités ou dans les bureaux d’urbanistes.
Puis, ce que j’aimerais ajouter, c’est qu’on se fait aussi un devoir de fournir une expertise parce que cette donnée-là est particulière et on se fait un devoir de fournir une expertise pour accompagner les utilisateurs de ces données.
Etienne Bilodeau:
Excellent, merci. Alors continuons là-dessus… comme vous le dites, les discussions sur l’adaptation au climat se concentrent souvent sur l’avenir, mais on sait que des changements importants sont déjà en cours. Commençant avec vous Diane, quels sont les risques climatiques dont vous constatez déjà l’impact sur les communautés québécoises et comment ces impacts affectent-ils les systèmes de transport en particulier ?
Diane Chaumont:
J’ai commencé par les températures parce que la température, c’est la variable qui est la plus clairement impactée par les changements d’émissions de gaz à effet de serre. Et c’est la plus facile, celle dans laquelle on a le plus confiance. Alors les températures extrêmes, on a vu qu’elles avaient augmenté l’été passé en 2023, donc on a vu beaucoup de vagues de chaleur.
Alors ces températures-là ont un impact sur l’asphalte comme sur les routes. Puis les véhicules lourds qui circulent… vont défaire la structure de la chaussée. Il y a aussi des impacts sur les rails des voies ferrées qui peuvent se déformer, puis qui obligent parfois les trains à réduire leur vitesse. On a entendu souvent parler de la perte du pergélisol dans le nord, donc des structures, des routes qui ballonnent, qui perdent leur structure, les pistes d’aéroport qui réduisent leur durée de vie.
Puis dans les événements qui ont été marquants durant l’été passé, il y a les feux de forêt qui ont amené les populations, les maires des municipalités, maires et mairesses qui devaient évacuer leurs citoyens pour fuir les feux de forêt, surtout dans le nord, vers l’Abitibi. Puis on a vu qu’il y avait quand même des défis dans les congestions routières, puis des risques de séparer les populations de toute la sécurité publique qui pouvait être fournie. Donc, l’isolement des populations par les feux de forêt.
Puis ça se produit aussi lors des crues où les ponts sont brisés et que les populations se retrouvent isolées.
Etienne Bilodeau:
Merci. Jean-François, de votre côté, quel sont les risques dont vous constatez déjà l’impact ?
Jean-François Sabourin:
Oui, bien justement, comme je disais tantôt, les municipalités sont aux premières loges et effectivement, il y a beaucoup de choses qui changent. Les risques… ce qui en est pour la santé publique, la chaleur, les vagues de chaleur, bien ça veut dire concrètement qu’on ouvre les piscines plus longtemps, les jeux d’eau, des choses comme ça… des interventions plus sociales… et ça fait partie des responsabilités des municipalités.
Sur les routes, les infrastructures, les égouts pluviaux… quand c’est unitaire, quand c’est divisif, ça a des gros impacts sur l’aménagement du territoire. Si on veut éviter des inondations subites quand il y a des grosses pluies intenses, ça demande une mise à jour importante, un surdimensionnement des infrastructures municipales, des retenues d’eau ailleurs parce que sinon… c’est des gens qui seront inondés, des routes qui seront fermées.
Et puis même je parlais il y a deux semaines avec le maire de Sainte-Ursule et il me disait que maintenant, quand il y a des grosses pluies – avant, ce n’était pas le cas – mais maintenant, quand il y a des grosses pluies, son directeur des travaux publics fait le tour du territoire pour s’assurer que les ponceaux tiennent.
On est rendus là. Puis quand un ponceau lâche, ça, c’est une communauté qui se retrouve isolée… c’est des gens qui ont plus de routes pour sortir ou qui doivent faire des détours vraiment importants. Et ça, c’est un impact très, très, très concret dans la proximité, dans la vie quotidienne des gens, de l’impact des changements climatiques. Puis ça, ça a un impact, notamment sur la mobilité des personnes, donc vraiment, c’est un enjeu qui est très important.
Et ça, c’est quelques aspects. Mais on a documenté à l’UMQ avec une étude réalisée par WSP et en collaboration aussi avec Ouranos, les coûts de l’adaptation aux changements climatiques. Et vraiment en se limitant à quelques infrastructures, on est déjà à 2 milliards par année et ça ne prend pas en compte l’ensemble des risques climatiques. Donc c’est quand même des risques qu’on vit maintenant. Les investissements se font ces années-ci pour réduire les coûts d’entretien.
00;10;01
Etienne Bilodeau:
Oui, des impacts de plus en plus visibles par tout le monde. Isabelle, quelque chose à ajouter sur les impacts qu’on peut voir déjà aujourd’hui ?
Isabelle Laterreur:
Oui, bien mes collègues ont mentionné beaucoup de choses. Je pense que ça fait un bon tour complet. Mais effectivement, tout ce qui est inondation, c’est la fréquence aussi. Et puis l’ampleur de ces phénomènes-là qui affectent nos territoires. Les îlots de chaleur aussi et le système routier et tout ce qui vient avec… les stationnements pour desservir les automobiles, etc. Ça aussi, c’est quelque chose qu’on a à adresser.
Il y a heureusement des modifications récentes à la loi… c’est des choses qu’on est obligés maintenant de prendre en compte quand on fait des plans d’urbanisme qui identifient ces espaces-là, minéralisés, qui sont des îlots de chaleur dans les villes… puis trouver des solutions pour les verdir. Et aussi en même temps, le verdissement contribue à mieux gérer les eaux de pluies. Les fortes pluies, comme Jean-François a mentionné, ça aussi, c’est quelque chose qu’on voit effectivement avec les réseaux… combiner sanitaire et pluvial… Les villes sont dans les processus de changer ça pour être capable de mieux absorber les fortes pluies qui arrivent trop rapidement aux usines d’épuration et de traitement. Et ça, c’est des choses que oui, c’est là que ça se passe présentement. Puis c’est des préoccupations, c’est beaucoup de sous, et ça impacte les budgets municipaux pour aujourd’hui et pour le futur. On peut imaginer encore plus.
Etienne Bilodeau:
Intéressant. Ça on va y revenir d’ailleurs, au coût des impacts climatiques et des coûts de l’adaptation. Isabelle et Jean-François, dans votre guide, vous décrivez les municipalités comme un vecteur de changement considérable dans le contexte actuel. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le rapport que vous avez élaboré? Le rapport intitulé “S’adapter au climat par la réglementation” et nous parler du rôle justement de la réglementation dans l’adaptation au climat?
Jean-François Sabourin:
Effectivement, en fait, les municipalités ne sont pas des organisations comme les autres. C’est des organisations gouvernementales. On a des responsabilités à assumer, mais on a aussi des pouvoirs particuliers qui nous sont octroyés en vertu des différentes lois. Notamment, on peut faire de la réglementation. C’est un levier qui est important en matière d’urbanisme, dans plein d’autres domaines également. Mais en matière d’urbanisme, c’est sûr que c’est une des responsabilités, une des compétences fondamentales des municipalités.
Dans ce contexte-là, nous, on a travaillé à mettre sur pied ce qu’on appelait la Plateforme municipale pour le climat, qui visait à inspirer les plateformes électorales… dans une année électorale au Québec au municipal. On voulait inspirer, donc on avait fait ça. Et puis, un des leviers importants sur lesquels on s’est dit qu’on pourrait agir pour s’adapter dès maintenant, c’est d’inclure des mesures réglementaires au niveau municipal dès maintenant.
C’est un engagement qui est possible pour le monde municipal. Donc on a travaillé avec… on a contacté Isabelle avec son organisation pour élaborer ce guide-là, “S’adapter au climat par la réglementation.” Donc, c’est le contexte un peu qui nous a amené à travailler là-dessus pour essayer d’avoir un effet multiplicateur de l’action municipale en réglementation. Sinon, Isabelle, je te laisserais présenter le contenu un peu plus du guide.
Isabelle Laterreur:
Oui. On a eu effectivement la chance de travailler avec l’UMQ sur l’élaboration du guide “S’adapter au climat par la réglementation”. C’est ça son originalité aussi, par la réglementation… En urbanisme, dans nos documents de planification, on adresse ces questions-là. On a aussi les règlements de zonage, de verdissement, et qui peuvent avoir des normes qui visent spécifiquement l’aménagement d’espaces qui sont trop minéralisés, par exemple… qui exigent la plantation d’arbres, qui encadrent l’abattage des arbres par toutes sortes de mesures dans un règlement qui vise le domaine privé, essentiellement. Non pas l’espace public, mais l’espace plus privé. Et qui, petits projets par petits projets, ont vraiment dans le temps, un impact dans la transformation du territoire pour tenir compte de ces enjeux-là. Puis dans le fond, ça accompagne les propriétaires, un projet à la fois, pour entrer dans un nouveau paradigme qui est plus en faveur de la lutte et de l’adaptation aux changements climatiques. Et c’est sûr que ça prend un certain temps avant de voir tout ça se manifester. Mais c’est un engagement fort au niveau municipal de pouvoir en traiter dans leurs règlements parce que, avec le temps, effectivement, les effets sont là.
Part 2:
00;14;31
Etienne Bilodeau:
Diane, je me tourne vers vous. Pouvez-vous nous expliquer ce que fait Ouranos particulièrement et nous parler du type de données climatiques que les municipalités utilisent ou peuvent utiliser pour comprendre les changements qui se produisent au Québec.
Diane Chaumont:
Alors, j’ai déjà abordé le point sur les températures avec lesquelles on est très à l’aise, donc des valeurs moyennes de température, des extrêmes de température et on y va par des approches… par exemple un dépassement de seuils qui sont déjà utilisés dans la prise de décision par les organisations dans le cadre de normes, etc… Alors, si on sait que les municipalités ont souvent recours à la fréquence à laquelle la température peut être supérieure à 35 degrés Celsius, on peut la fournir dans notre climat passé… ce qui a été observé dans le passé… et dans le futur jusqu’à l’horizon 2100.
Alors l’effort, c’est d’aller vers des variables qui… des indicateurs climatiques qui parlent aux décideurs. Pour les précipitations, on fournit aussi des extrêmes de précipitations. On a parlé de leur importance dans les impacts sur les municipalités. Puis j’aimerais ajouter… Isabelle a parlé du verdissement… on a quand même beaucoup d’informations pour supporter les initiatives en verdissement. Par exemple, des degrés jours de croissance. C’est quoi notre espèce végétale qui va pouvoir bien survivre dans les années futures? En 2050? Alors déjà choisir nos arbres en fonction de ce qui s’en vient dans le futur. Ces espèces-là sont aussi sensibles aux extrêmes froids, aux extrêmes chauds. Ce sont des variables qu’on fournit.
Puis j’aimerais ajouter un point où… dans le cas où on a plus de difficulté à bien estimer les variables… c’est le cas pour des feux de forêt, des orages, des tornades… les modèles climatiques ne sont pas bien encore… ne sont pas capables de bien reproduire ces événements-là. L’approche que Ouranos a adoptée, c’est de fournir une information qualitative sur les aléas climatiques. Donc les aléas climatiques, par exemple les tornades… les tornades sont très difficiles à quantifier parce que c’est très local, alors on les observe là où il y a des populations. On peut imaginer au Québec à quel point on quantifie mal la fréquence des tornades dans le passé. Alors ce qu’on a fait, sur le site web d’Ouranos, on fournit des informations qualitatives sur ce qu’on sait dans le changement des tornades, des vents, des tempêtes, des feux de forêts, des aléas des phénomènes climatiques… et ce qu’on s’attend à observer dans le futur, en attendant d’avoir des valeurs mieux quantifiées.
Partie 2 : L’adaptation aux changements climatiques au niveau municipal
Etienne Bilodeau:
Merci. Jean-François, Isabelle pour revenir au rapport qui, en passant, je le feuilletais plus tôt cette semaine… une chose qui m’a agréablement surpris, c’est combien précis le rapport et les recommandations par rapport à la réglementation… Souvent, quand on s’attend à un guide, on s’attend à voir des principes appliqués de manière large, mais ici, vous avez vraiment des clauses, des articles recommandés pour la réglementation, c’est assez rafraichissant de voir ça.
Pour revenir à ce rapport-là, « S’adapter au climat » de l’UMQ… le rapport mentionne également que l’adaptation rapide des milieux de vie aux changements climatiques permettra aux municipalités d’éviter des coûts importants dans les années à venir. Jean-François, Isabelle, quelles sont les approches permettant d’évaluer les coûts et les avantages de l’adaptation au climat?
Jean-François Sabourin:
C’est une approche en particulier pour évaluer les coûts. Ce qu’on sait, c’est que mieux vaut prévenir que guérir. Agir rapidement, c’est sûr que ça a des impacts importants. Par exemple, on parle de la gestion des eaux : si on veut éviter des inondations, justement, si on veut ralentir, retenir l’eau un peu sur place pour éviter tous les problèmes qui viennent avec les inondations, mais aussi les ponceaux qui peuvent partir avec la rivière, les chose comme ça… bien juste dès maintenant, de faire des interventions pour retenir l’eau sur chaque rénovation d’un terrain privé… chaque petite intervention, au cumul, font des grosses différences… et ça, ça prend du temps. Donc c’est ça qui fait en sorte que pour le moment – en fait, dès maintenant – c’est possible d’agir pour réduire les coûts dans le futur de l’adaptation.
Les coûts, si on ne s’adapte pas sont beaucoup plus importants que si on fait des interventions dès maintenant, qui vont être relativement peu coûteuses mais qui, en s’accumulant, permettent de faire des changements de paradigme important.
On parlait du verdissement aussi, Diane en parlait. Effectivement, ça il faut y penser dès maintenant si on veut que les arbres dans 20 ans soient matures et puissent nous protéger contre les canicules, pour jouer pleinement leur rôle à plein niveau. Et puis ça, bien ça prend des mesures réglementaires dès maintenant.
Donc c’est quoi l’impact du coût ? Je sais qu’il y a plein d’organismes qui disent qu’un dollar investi maintenant en adaptation, ça permet de sauver 13-15 $ avec les catastrophes lorsqu’elles se produisent, c’est sûr que ça fait partie de la réflexion.
Est ce qu’on le quantifie pour agir? Pas nécessairement. Parce qu’on sait, de toute façon, il faut agir dans la situation et là, on a un changement de paradigme. Et pour faire ces changements-là, si on veut en bénéficier dans le futur… c’est l’adaptation rapide aux changements climatiques qui va permettre aux municipalités des coûts dans le futur.
Isabelle Laterreur:
Oui, le guide, c’est vraiment une approche préventive, comme Jean-François le mentionne. Puis pourquoi il est aussi précis, ça faisait partie de la commande qu’on avait… c’est de présenter des cas concrets, d’articles rédigés qui peuvent justement atteindre les objectifs qu’on se donne dans le guide… montrer aux municipalités que c’est possible. Ça peut être relativement simple, ça peut prendre toutes sortes de formes et répondre aux besoins de chaque territoire… Puis effectivement, c’est en appliquant ces normes-là dès maintenant, bien on s’assure de voir la transformation des territoires tranquillement mais sûrement. Puis c’est vraiment plus dans une approche préventive. Pour ce qui est de toute la question des coûts, je ne suis pas tellement experte dans le domaine, mais de toute façon, comme l’a si bien dit Jean-François, il faut agir dès maintenant. C’est un incontournable.
Etienne Bilodeau:
Et comme on le disait, le guide fournit un large éventail d’exemples de la manière dont les municipalités utilisent la réglementation pour promouvoir l’action climatique. Et donc, c’est un des secteurs qui sont discutés dans le guide. En ce qui concerne le secteur des transports en particulier, est ce qu’il y a des exemples qui vous viennent en tête qu’on a peut-être pas déjà nommés aujourd’hui, qui sont discutés dans le guide ?
Isabelle Laterreur:
Dans le guide, les exemples qu’on retrouve qui sont liés au transport, c’est beaucoup par rapport à l’aménagement des stationnements, comment ils peuvent… quelle forme ils peuvent prendre pour avoir plus de verdissement, pour mieux gérer les eaux de ruissellement et diminuer les effets de chaleur… d’îlots de chaleur. C’est beaucoup dans ce sens-là. Sinon, il me vient peut-être un autre exemple que je peux vous présenter, qui n’est pas nécessairement présenté dans le guide, mais… la transformation des rues, du domaine public, pour avoir des jardins de pluie… et mieux gérer justement l’eau qui entre dans le système et la capter avant qu’elle soit dans nos systèmes, réseau sanitaire/pluvial, etc.
Ça amène les municipalités à faire des changements importants dans la configuration des rues qui ne sont pas nécessairement dans l’esprit des résidents… « C’est quoi une rue? » Il y a quand même un changement encore là de paradigme. Puis, à la boîte d’urbanisme, on a déjà eu ce genre de demandes de la part de nos clients pour les accompagner dans des consultations publiques… pour présenter le projet, présenter ses avantages et ses inconvénients au niveau d’une nouvelle configuration de rue qui capte mieux les eaux, qui est plus verdoyante… et qui a amené les gens à évoluer là-dedans, puis aller vers ces nouveaux aménagements-là… qu’ils voient tous les avantages que ça peut procurer. Il y a quand même beaucoup de gens qu’il faut amener dans cette évolution-là.
Le guide le fait de manière plus normative… les choses qui s’appliquent… et les propriétaires privés doivent respecter les normes. Mais après ça, sur le domaine public, il y a d’autres choses pour la ville… sur son terrain… elle doit faire des changements. Il faut quand même accompagner la population pour bien expliquer… C’est quoi ces changements-là? C’est quoi les avantages que ça va procurer?
Jean-François Sabourin:
C’est très intéressant, Isabelle, ce que je trouve intéressant aussi, c’est la distinction entre le fait que la réglementation s’applique au domaine privé, s’applique à la population et on oblige en fait des manières de faire les choses différemment pour s’adapter tranquillement… Mais aussi effectivement, quand on parle des transports, c’est sûr que la voirie est un gros aspect de la responsabilité des municipalités en termes de transport.
La manière qu’on pense, la ville, bien ça, on en est davantage, comme tu disais, sur le domaine public. Donc dans les interventions sur la réglementation, la Ville s’impose pas de règlement elle-même sur comment elle aménage ses rues. Par contre, il faut quand même faire ce changement de paradigme-là dès maintenant, effectivement.
Et c’est pour ça aussi que, en complément du guide « S’adapter au climat par la réglementation », on a fait un guide avec des experts de l’Institut national de la recherche scientifique pour s’adapter au climat par le verdissement… où est ce qu’on parle beaucoup d’infrastructures vertes. Donc, quand on parle de nouveaux modèles de rues, des bassins de rétention, en tout cas, il y a toutes sortes d’affaires là-dedans. Et puis là, encore une fois, on donne des exemples très concrets.
Parce que, comme tu mentionnais Étienne, le but de ce genre de guide-là « S’adapter au climat par… », une espèce de série qu’on a commencé… c’est de donner des exemples vraiment clés en main de mesures réglementaires, d’infrastructure, des choses très concrètes, puis on a aussi fait des webinaires pour les deux, pour essayer de les enregistrer, pour permettre aux gens qui voudraient aller un petit peu plus loin… entendre parler les gens de ces projets-là. Mais tout ça pour dire que de ce genre de choses, concrètement, quand on parle de transports, spécifiquement d’adaptation aux changements climatiques, bien la réglementation en fait partie, mais c’est pas seulement ça selon moi.
Diane Chaumont:
J’aimerais ça ajouter sur le volet des transports, qui n’est pas à l’échelle municipale, mais dont les municipalités dépendent clairement : c’est le transport maritime. On l’aborde pas si souvent, Ouranos fait un projet avec plusieurs ports… un avant-projet, puis après ça, on va faire un gros projet juste avec le Port de Montréal… pour voir l’impact des changements climatiques sur les opérations portuaires, la chaîne d’approvisionnement… voir si la mouvance vers la fréquence, par exemple, des événements de verglas qui font que les… il y a un bateau à décharger, les équipes peuvent pas travailler… à quel point tous ces événements-là impactent les opérations portuaires.
Puis ça, ça a clairement des effets sur l’approvisionnement dans les municipalités. Puis après ça, les camions qui viennent se charger au port et qui ont des places ou des trains, ou tout ça. Donc c’était original et le projet est maintenant en ligne. Pour ceux qui veulent savoir les résultats de ce projet-là avec le Port de Montréal. C’est un professeur, Claude Comtois, de l’Université de Montréal, qui a réalisé le projet… le rôle d’Ouranos était de fournir l’information climatique dans son analyse.
Partie 3 : Les obstacles et les incitations
00;25;14
Etienne Bilodeau:
Intéressant. Et donc vous, justement, Diane à Ouranos, en tant que fournisseur de services climatiques, avez-vous remarqué récemment une augmentation de la demande pour vos services de la part des villes, spécifiquement en ce qui a trait à l’adaptation des infrastructures de transport ?
Diane Chaumont:
On a beaucoup de demandes puis comme on avait beaucoup de demandes, on s’est dit, on ne peut pas répondre à projet par projet ou ville par ville… ’’est là qu’on a fait notre portail de service climatique, Portrait climatique, où on fournit les projections pour les… sur l’ensemble du Québec. Donc, sur les statistiques spécifiques pour les villes et le transport, ça, je n’ai pas l’information, mais je sais que les demandes sont toujours en croissance.
C’est clair qu’il y a de plus en plus d’usagers.
Etienne Bilodeau:
Puis une deuxième question dans la même mouvance : quels sont, selon vous, les obstacles et les incitatifs qui encouragent ou non les municipalités à avoir recours à votre… au genre de service que vous offrez?
Diane Chaumont:
Je suis contente d’avoir l’occasion d’en parler. C’est qu’Ouranos a travaillé très fort pour faire des projections de verglas, en climat futur, puis on va les mettre… dans les prochains mois, on les met en ligne. Et ça, c’est clair que c’est encore une information… c’est le genre d’exemple… des efforts qu’on fait pour répondre aux besoins des villes… et beaucoup des villes et des autres organisations qui ont… qui voient les impacts du verglas sur leurs infrastructures, sur les opérations, la fluidité des transports, etc. Alors ça, c’est un beau bonus qu’on va offrir bientôt.
La limite, c’est souvent la question de l’échelle. Les villes nous demandent des données à très fine échelle, puis ça reste un défi quand on pense que le climat est très variable dans l’espace et dans le temps. Venir fournir une information aux deux kilomètres près, on n’est pas là… puis ce n’est pas réaliste qu’on soit là à court terme… Alors il faut trouver notre limite à… comment les gens peuvent l’utiliser? …peuvent utiliser le signal à l’échelle dont eux ont besoin? …mais comme on a une approche où est-ce qu’on accompagne beaucoup les gens dans leur projet, dans leurs initiatives d’adaptation, il y a des villes qui sont partenaires d’Ouranos, alors on peut réfléchir à des solutions. Qu’est-ce qu’on fait si on n’est pas la même échelle ? Il y a quand même des solutions pour utiliser l’information climatique.
Tantôt je parlais des aléas, ça a été testé cette approche-là avec la ville de Montréal dans certains quartiers. C’est des approches qui ont bien fonctionné.
Etienne Bilodeau:
Et la question se pose aussi à Jean-François et Isabelle, si vous avez eu une réponse là-dessus. Selon vous, quels sont les obstacles et les incitatifs qui encouragent ou non les municipalités à avoir recours aux services, que ce soit financier ou le manque d’information?
Jean-François Sabourin:
Pour parler des difficultés, peut-être au niveau municipal, d’utiliser ces données climatiques-là, d’y avoir accès… parce que justement, je trouve qu’Ouranos fait un excellent travail à rendre disponible et opérationnalisable, les données… c’est plutôt pour les municipalités de prendre ce pas de recul-là. Dans des grandes municipalités comme Montréal, il y a des gens qui peuvent être dédiés à temps plein, à avoir à gérer ces risques climatiques-là, à prévoir des plans d’action.
Dès qu’on va dans les municipalités un peu plus petites, même pas si petite que ça, c’est difficile de prévoir les ressources dédiées à ces aspects-là. Et puis c’est difficile aussi surtout de prendre le temps de se pencher là-dessus. Et puis surtout ça, on connaît le problème très bien, mais c’est quoi la solution? Quand on arrive avec un problème, c’est bien de le connaître et de le documenter, mais aussi, on peut dire maintenant qu’on sait exactement c’est quoi l’ampleur… on sait qu’il va y avoir plus de verglas par exemple, Mais comment est-ce qu’on peut agir par rapport à ces nouvelles données-là?
Dès qu’on peut faire un lien entre les deux, ça devient beaucoup plus intéressant pour la direction générale, les élus de nos municipalités de dire « Ok oui, effectivement, allons les chercher ces données-là, intégrons-les à notre prise de décision ». Parce que ça peut avoir un impact sur notre prise de décision… si on sait qu’est ce que ça change concrètement sur nos opérations, on peut les acheter, on peut les échanger. Je pense qu’il y a plusieurs aspects là-dedans… mais ’’abord, c’est d’essayer d’identifier concrètement, « Qu’est ce que ça vient changer? » C’est une belle manière de montrer ce que ça change… Et ça, justement, je trouve que les portraits régionaux réalisés par Ouranos sont très opérationnalisés…
Par exemple, l’impact des températures des hivers plus chauds, par exemple moins de couvert de neige, ça a un impact sur l’industrie, sur la motoneige. Ça, ça parle aux élus. Et puis de dire OK, qu’est-ce qu’on fait? On va diversifier notre économie pour être moins dépendant de la neige, des routes blanches en hiver. Donc on va par exemple faire d’autres types d’interventions, d’autres types d’offre touristique de manière plus générale.
Donc c’est ce genre de chose qui permet de rendre concrètes les données climatiques pour les municipalités, puis ça, je pense que c’est une belle manière de surmonter ces obstacles-là, d’opérationnalisation de ces données-là.
Isabelle Laterreur:
Oui, vraiment. Moi je rebondis sur le côté des petites municipalités. À la boîte d’urbanisme, on travaille beaucoup avec cette clientèle-là. C’est effectivement… le côté ressources n’est pas toujours là pour pouvoir bien tenir compte de l’ensemble des données disponibles et de réfléchir à la situation, d’alimenter la prise de décision avec ça.
Souvent dans une petite municipalité, il va y avoir un directeur ou une directrice générale qui va faire presque toutes les tâches requises ou à peu près avec peut-être une autre personne à l’inspection qui va appliquer la réglementation. Donc souvent… des petites équipes… plus difficile de tenir compte de tout ce que ça implique l’aménagement du territoire. Bien que les informations et les données sont là, ça peut être difficile parfois d’en prendre compte dans leur travail.
Puis un autre obstacle, c’est financier. Là aussi, c’est quelque chose quand même, pour les municipalités de n’importe quelle taille… petites, moyennes. Aujourd’hui justement, on parlait à la radio pour Trois-Rivières de leur plan déneigement pour la prochaine année, les coupures qu’ils ont dû faire, les choix difficiles justement… on ne va pas déneiger tous les trottoirs… donc ça affecte la mobilité active. Et tout ça, c’est une chose… ce sont des enjeux importants que… ça va être certain les obstacles.
Partie 4 : Conseils aux municipalités
00;31;34
Etienne Bilodeau:
On s’approche de la fin de notre entrevue. Je pense qu’on voit clairement, à la lumière de vos réponses… que malgré les défis comme le financement et la capacité limitée dans les petites municipalités, par exemple, l’adaptation au climat commence à gagner du terrain à tous les niveaux de la planification et de la gouvernance. Alors, en conclusion, la question que je vous pose à tous: quels conseils donneriez-vous à ceux qui tentent de faire avancer des idées peut être audacieuses, parfois?
Jean-François Sabourin:
C’est sûr, nous à l’UMQ, on est une organisation d’abord et avant tout politique. Puis moi, ce que je dirais comme principal conseil, c’est de prioriser les interventions. Et comme Isabelle, le mentionnait à juste titre, la fiscalité municipale est sous pression pour prendre des décisions. Mais il faut prioriser, il faut choisir où est ce qu’on va faire nos investissements?
On en a parlé, on a fait une étude qui documente à 2 milliards minimalement le coût de l’adaptation aux changements climatiques pour les municipalités. Bon, là, il y a une annonce récente du gouvernement du Québec pour dire bon… on va contribuer à la hauteur de 500 millions par année. Ce n’est pas mauvais, c’est un premier pas et c’est déjà très bien.
Mais où est ce qu’on va mettre ces interventions-là, prioritaires? Comment est-ce qu’on va les choisir? Donc, par exemple, prioriser les plantations? On sait que ça va avoir un impact dans 20 ans… et significatif. Bien, c’est sûr qu’il faut le faire maintenant. On va en bénéficier plus tard. Faire ce plan-là, cette planification-là… de choisir où est ce qu’on met les investissements au bon moment en fonction des ressources qu’on a à un moment X, je pense que c’est une bonne manière justement de structurer un peu… et faire avancer des idées audacieuses… bien c’est de le préparer politiquement d’abord, et puis d’avoir un montage financier et de ne pas négliger ces aspects-là, je pense que c’est très important.
Puis, deuxième point, une fois que ça s’est fait, c’est de multiplier les gains rapides et simples.
C’était l’objectif aussi du guide, “S’adapter au climat par la réglementation”… Ça ne coûte pas cher à une municipalité de modifier son règlement d’urbanisme pour changer les manières de faire. Ça ne va pas nécessairement même coûter plus cher aux citoyens, à la population, quand ils font des projets. C’est juste de le faire différemment. Je donne un exemple, à Rosemont-Petite-Patrie, il y a une dizaine d’années, ils ont obligé de faire des toits blancs, donc le revêtement, plutôt que d’être noir, doit être blanc. Et ça n’a même pas… ça a coûté 0 $ à l’arrondissement. C’était juste de rédiger un règlement qui obligeait ça. Puis en plus, maintenant, ça coûte moins cher aux citoyens les revêtements blancs que les revêtements noirs. Parce que tout simplement, c’est l’industrie qui s’est adaptée. Et puis bien, tout simplement, au fil du temps, ce genre d’interventions qui peuvent quand même faire réduire – ce n’est pas un gros impact, mais quand même – maintenant, la plupart des toits à Rosemont-Petite-Patrie sont maintenant… mais pas plus… mais ils représentent la grande majorité des bâtiments… sont des toits qui sont blancs. Puis, il y a des études possiblement qui démontrent que ça pourrait réduire d’un demi-degré quand même. Ça a l’air de rien, mais concrètement, ça peut sauver des vies. Dans certains cas, quand la canicule perdure, tout ça, ça peut faire une grosse différence.
Donc de prioriser ces gains-là, bien ensuite, une fois qu’on a fait une planification plus financière avec l’aide… aller chercher ce qu’on appelle des gains rapides, les “quick win”… je pense que c’est une belle manière de faire avancer l’adaptation aux changements climatiques de manière différente.
Isabelle Laterreur:
On observe vraiment une facilité de plus en plus grande de la part des élus et de la population que nous avons pour parler de ces enjeux-là. Je trouve que dans notre travail, on nous aborde avec ces questions-là, on cherche à y réfléchir, on cherche des solutions. Puis un des conseil que l’on peut être donner… comme urbaniste… et justement, quand on est en mode planification du territoire, qu’on est en train de revoir un plan d’urbanisme… on fait une révision complète, une refonte complète de notre plan d’urbanisme et de nos règlements.
C’est tout de suite au début de ce processus-là, de se poser ces questions-là, puis de les amener sur la place publique, d’en parler avec la population… parce que ces grands chantiers-là de révision, bien il y a de la consultation qui se fait auprès des gens, alors on est capable de sensibiliser, d’informer et d’aller chercher aussi des préoccupations de la population, de les impliquer dans le processus…
Mais tout ça, quand ça se retrouve dans un plan d’urbanisme… qu’on dit bon, on veut verdir davantage, on veut mieux gérer nos eaux de pluie on veut, etc… plein de choses par rapport à l’adaptation climatique… ça va se retrouver par concordance dans la réglementation et ça va donner des effets concrets sur le territoire. Alors ça c’est le conseil de dire… c’est dans la planification même, qu’on en fait… tout de suite intégrer ces questions-là, puis en discuter collectivement. Et je pense que les gens sont rendus là. C’est quand même… il y a place à débat collectif, sur ces questions-là.
Diane Chaumont:
Du côté des données climatiques, j’aimerais parler de prendre la… considérer l’utilisateur, l’usager dans les données qu’on développe et qu’on forme… On peut avoir des bonnes idées, mais nos bonnes idées, on veut qu’elles soient réutilisées par la prise de décision de l’adaptation.
Alors donc, intégrer les décideurs dans la boucle pour s’assurer qu’on travaille sur les bonnes variables à la bonne échelle, dans les bons horizons aussi, dans les horizons futurs… c’est lequel qui les intéresse? 2050? 2080? Selon l’infrastructure sur laquelle ils travaillent. Alors donc de mettre l’usager assez proche du centre de nos préoccupations dans notre développement de l’information climatique et la diffusion.
Mot de la fin
Etienne Bilodeau:
Excellent ! Je vous remercie, Diane, Isabelle, et Jean-François, de nous avoir aidés aujourd’hui à mieux comprendre l’adaptation climatique. J’étais déjà vendu à l’importance des données climatiques personnellement, mais je pense que c’est la discussion la plus intéressante que j’ai eue qui se concentrait autant sur les détails de la réglementation. Ça démontre bien en tout cas l’étendue de l’influence de la réglementation dans l’adaptation.
Alors, si vous avez envie d’en savoir plus sur l’adaptation climatique et les variables climatiques pertinentes pour votre région du Canada, visitez Donneesclimatique.ca. Et si vous êtes un professionnel des transports, nous vous encourageons vivement à visiter le module sur les transports.
Merci de vous être joints à nous, pour cet épisode pilote de notre balado intitulé “D’ici à là: Histoires d’adaptation au climat.”
Nous vous rappelons que les points de vue exprimés dans cet épisode ne reflètent pas nécessairement ceux de Donneesclimatiques.ca ou de ses partenaires. Rejoignez-nous la prochaine fois et restez curieux de l’adaptation aux changements climatiques.